Deux petits mots seulement, mais deux petits mots qui parlent a chacune des jeunes femmes sur Terre : « charge mentale ».

Enfin une expression, un nom de bapteme, pour mettre en lumiere, mais surtout afin d’effectuer exister votre boulot invisible, heritage toxique que l’on se refile de femme en cousine, de generation en generation. Cela aura fallu la ti?che d’une dessinatrice, celui d’Emma, pour electrocuter des consciences. D’accord… mais concretemement, depuis 2017, il s’est passe quoi ?

J’ai charge mentale domestique : un heritage femininComme bien rejeton ne au sein des annees 90, j’ai decouvert ma tante, jour apres jour, faire les courses, gerer les menus, faire a manger midi et jour, faire le menage, amener les enfants a toutes les rendez-vous medicaux, s’occuper de leur scolarite, leur acheter le necessaire (vetements, materiel concernant l’ecole, etc), et ce, qu’elle soit en forme, malade, fatiguee ou demoralisee.

A l’inverse, je ne me rappelle pas avoir surpris le pere passer l’aspirateur ou le balai. Ceci devoile, il lui arrivait au moins une fois par semaine environ, de passer nous prendre a l’ecole pour dejeuner a domicile (souvent : pamplemousse, steak hache et petits pois). Bien sur, il avait lui aussi, de son cote, sa « charge d’homme » : Realiser des chantiers dans la baraque. Mais ce qui releve plus du CDD que du CDI, on est beaucoup d’accord. Aussi, j’ai tres frequemment entendu la mere pester contre mon pere i  propos du menage. C’etait clair : elle faisait bien et lui rien, meme jamais mettre son pot de yaourt a la poubelle. Cependant, je ne me rappelle nullement qu’elle ait fera quoi que ce soit pour casser la chaine de transmission une charge mentale. Jamais, la mere nous a reclame, a notre frere ou a moi, de faire a manger, de passer l’aspirateur au salon mais aussi d’effectuer une lessive. Toujours a repondre par la negative si on lui demandait si elle voulait de l’aide.

La vaisselle, votre ravissement de tous les journees

Moi et le feminisme : une relation floue

Je ne me suis jamais consideree tel une « vraie » feministe. J’avoue etre assez en gali?re a l’aise avec votre mot qui semble pousser a l’extreme beaucoup d’idees. J’suis surement une trouillarde. Je n’aime jamais okcupid l’ecriture inclusive mais j’aime l’idee de pouvoir laisser pousser ses poils en toute liberte, aussi si je ne me lance gui?re. Je ne porte presque plus de soutif, mais je le porte encore au boulot. Je plaide coupable : j’aime qu’un homme m’invite au resto et m’ouvre la porte. Et pourtant je me suis vite rendu compte que je n’arriverai jamais a incarner votre figure maternelle, cette martyre au feminin sacrifiee sur l’autel des taches menageres. J’ai premiere fois que j’en ai commande conscience, c’est Quand le ex, atteint d’un cancer benin a un testicule, reclamait une attention de l’ensemble des journees (entretien de le appartement, courses et cuisine). Bizarrement, votre n’etait pas la charge domestique qui me posait probleme, c’etait le manque de consideration, de remerciements. Egoistement (ou nullement ?), j’avais besoin que le travail d’accompagnant soit souligne voire applaudi. C’est la, je crois, que j’ai commande conscience que je ne pourrai jamais signer ce CDI d’une life. Peut-etre que j’etais (j’habite ?) plus feministe que je ne le croyais enfin.

J’habite trop une queen pour ca

J’ai charge mentale au commencement du couple

J’ai le loisir d’etre avec un homme plutot ouvert. Mon petit blond se moque que je gagne plus que lui. Il ne pourrait i?tre jamais contre etre pere au foyer. Il se fiche des poils, des vergetures, d’la cellulite, ainsi que de tous les diktats scotches a la feminite (pompes, maquillage, minceur, vetements, et autres joyeusetes). Sur le papier, Il semble bien evidemment « pour » le partage des taches menageres. Sur le papier. Car tres vite, je remarque que les beaux discours sur « la vaisselle qui le detend » et sa « passion concernant le linge » sont vides de sens. Je deviens vite la responsable des courses, des menus, Plusieurs repas. S’il lance une lessive, j’etends le linge et je le range quand il est sec car sinon le sechoir ferait part integrante d’la deco. C’est moi qui pense a lancer le lave-vaisselle et le vide le plus souvent. J’imagine aussi a vider les poubelles et a changer les draps chacune des deux semaines. A rediger tout cela, mon coeur saigne un peu, tant la figure maternelle me fait de l’ombre. Pourtant, il pourrait etre de mauvaise foi de dire que mon petit blond ne fait jamais rien de bien ce qui, souvent. Neanmoins, le souci est la : regulii?rement. Pour un brin, j’allais ecrire qu’il serait de mauvaise fois de dire que mon petit blond ne « m’aide nullement ». Preuve que la charge mentale domestique est offre jusqu’au Verbe.